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Divers & variés
15 octobre 2007

Pas une bonne idée

Non, ce n'était pas une bonne idée. Comme à mon habitude, je me retrouve pris dans la nasse. Je me retrouve dans la banlieue de Budapest, chez Papi(H), petit pavillon coquet dans les collines. J'étais déjà venu ici, il y a longtemps. J'aimais bien, en fait, avant. Mais là, étouffé par des souvenirs qui ne sont pas les miens, je déambule dans le décor de l'enfance d'une Autre. Chaque recoin de cette maison en recèle son pesant. Papi(H) est gentil. On ne parle pas beaucoup. Ce silence qui s'était déjà installé dans la voiture, cette demi-heure entre la gare et ici. D'évidence, on n'a plus rien à se dire. Elle commence des phrases en anglais, s'essaye au français, retrouve l'allemand. Banalités.

Papi(H) est stoïque, contemplatif, presque. Parle à son chien, modérément. Le chien. Un nouveau membre de cette famille éparpillée. Un berger de quelque part, indéfinissable. Il a une bonne tête, semble avoir bon caractère. L'œil vif, un peu fou. Collant.

bilderrahmen_galaCe samedi soir, je rechigne à regarder la demi-finale de rugby. Parce que je sais que la mère de mon Fils, nouvellement convertie, regarde aussi, avec le barman romantique au demi-prénom, à moins de 10km de là. Distance de sécurité. En cette date quasi-anniversaire de mon premier week-end pendulaire, rien n'a changé. Enfin si. D'accord, elle ne me fait plus rien. D'accord, le Petit est bien plus détendu. Mais non. Je supporte de moins en moins bien cet exil temporaire et forcé. L'étrangeté nécessaire, totale, absolue. Subie, chez moi. Je suis bancal.

Avant de repartir, de reprendre ce train, par inadvertance, par habitude, j'enchaîne sur la suivante pas bonne idée. Je me frite verbalement avec sa mère, dans la voiture. Le parking devant la gare. Elle geint sur sa pauvre destinée financière, me réclame la moitié de l'argent de la crèche du mois et du suivant. "49". OK, 49. "Tiens, voilà 50, rends-moi 1". "Ah non, merde, je me suis plantée, c'était 94, pas 49". L'erreur classique de la germanophone étrangere (pourtant, depuis le temps). Elle poursuit: "Tu devrais te souvenir, pourtant". Ben voyons, je viens de descendre de sa voiture, il y a 10 km, exprès pour retirer 50 kF. "J'ai que 72 sur moi, au total". "Pourtant, c'est toujours la même somme, tu aurais dû te souvenir". Elle qui n'éteint jamais son portable parce qu'elle ne se souvient que rarement du PIN, ou doit téléphoner à sa mère pour se le rappeler. Elle qui a toujours fait preuve d'une "rigueur" financière à faire peur. Je reste calme: "Ouais, ça ne change rien au fait que je n'ai que 72, maintenant". "Pourtant, c'est toujours la même somme". Je deviens mauvais: "Ecoute, tu auras les 22 complémentaires la prochaine fois qu'on se voit et si t'as peur de manquer, t'as qu'à boire moins de cocktails ce mois-ci". Erreur, je me suis laissé emporter. Mais les souvenirs des soirées ou sorties entre copines qui finissaient toujours invariablement de même, aboutissaient sur les matinées où je devais mettre un seau à vomi à côté du lit et fermer la chambre en expliquant au Petit que "Maman est fatiguée" ne se sont pas estompés, aussi frais de cet été encore.

Bref, elle s'énerve, l'escalade. Elle remet en question le fait qu'elle dépose le Petit à Munich en passant, dans deux semaines, direction la France pour aller voir le fils de l'autre. Ben voyons. Le Petit pleure, je sors de la voiture, récupère mes bagages. Je vais le voir à l'arrière, il m'agrippe. Elle dit: "Ne te fais pas trop d'idées, il veut juste sortir pour voir les motos". Salope. Elle part en claquant la portière avec un poétique "Casse-toi, connard". Apparemment, on s'aime toujours autant.

Elle a soulevé un point pas forcément faux lors de l'altercation. Je ne la remercie jamais explicitement de venir me chercher, me laisser son appart, etc... Oui. Des fois. J'oublie. C'est déjà suffisamment lourd de devoir se taper ce voyage de merde. En plus, j'arrange le week-end avec son père, je lui laisse son nid d'amour douillet, je m'esquive, mais non, elle dit que ça la fait chier de devoir faire tous ces kilomètres, elle est fatiguée. C'est vrai qu'elle n'a pas une super mine, en plus elle pue la cigarette plus que jamais.

Enfin bon, elle a raison, ça ne coûte rien de dire merci. Je devrais fermer ma gueule. Comme pour les 1100€ qu'elle m'a empruntés cet été, parce qu'elle ne se souvenait plus du PIN de sa carte bancaire. 1100€ disparus en l'espace de deux semaines, en chaussures, polos Lacoste et soirées au bar (elle a dû se dire dans ce dernier cas qu'elle aurait un retour sur investissement). 1100€ que je dois déduire de la pension, maintenant, petite banque privée. La pension qui est sur son compte allemand auquel elle ne touche jamais. "Je lui achète deux pulls et !pouf!, la pension mensuelle est partie". "Ah bon, tu achètes des pulls à 170€?".

Incorrigible. Irrémédiable. Mais, mon ex-Belle, si jamais tu devais mettre tes menaces à exécution dans deux semaines, je te remercierai. La perspective alors de n'avoir plus rien à perdre me rendra encore plus mauvais que tu n'aurais jamais imaginé. Je lui envoie cependant un SMS faux-cul, ce matin. Dire que je m'excuse pour le débordement hier. Je n'en crois pas un mot. Mais je le fais pour le Petit.

Train de nuit, presque dormi. Sandwich au salami pour petit déjeuner, merci les wagons-lits hongrois. La gare, les néons, le ciel de nuit, clair il y a encore un mois. Il n'y a que Faithless qui puisse me sortir de là.

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