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Divers & variés
11 octobre 2007

L'anesthésie

L'anesthésie, c'est un bon titre. Ce serait un bon titre pour un long métrage dont l'idée m'est de plus en plus claire, plus présente. L'anesthésie, c'est ce sentiment principal et exclusif qui a régné sur ma vie depuis des lustres. L'Allemagne n'en était qu'une personnification ultérieure et un point d'attache topologique, plus ou moins bienvenus. Des thèmes récurrents se détachent, des obsessions, des manies, des lubies. L'anesthésie, c'est la toile de fond, le ciel de nuit où quelques enseignes se détachent, halos démesurés, vulgaires. L'anesthésie, c'est le brouillard primordial, le grand attracteur. Une réaction immunitaire. Aussi.

Les couloirs de métro sont fascinants, le soir. Une architecture souterraine ignorée. Allégorique. Des éternités de céramique froide. Des bouches d'aération. Des grondements telluriques périodiques puis le silence dans la lumière blafarde, juste le bourdonnement des machines. Des existences se croisent là, un moment concurrentes, l'autre dispersées. On se retrouve dans des stations de métro. On se perd de vue dans des stations de métro. Un instant de solitudes urbaines coagulées de force dans un globule artificiel et morne, voué à l'éclatement.

L'hiver arrive, l'heure va changer, bientôt. Une heure de plus, de moins, le grand décalage. Les capuches cernées de fourrure synthétique et les gants de laine bariolée. Contraction saisonnière. Le bruit du chauffe-eau dans la cuisine et le chuintement des convecteurs dans la chambre, au pied de la dalle de marbre glaciale des fenêtres. Le neuvième hiver, le revoilà, immuable et changeant. Prévisible.

Le soir ici n'est fait que de touristes égarés, de bandes mixtes et de businessmen tardifs. Les grilles se ferment. Ils s'attendent devant les cinémas. La face de l'un des guetteurs immobiles sur la banquise rêvée de Sendlinger Tor s'éclaire, ou plutôt un petit carré de lumière aveuglante près de son visage, auquel il parle. Même phénomène quelques mètres plus loin. Rotation lente et questionnements aux carrés blafards, communicants. Ils se fixent, les carrés s'estompent. Les deux guetteurs s'avancent l'un vers l'autre, ils se sont trouvés. D'autres guetteurs apparaissent, disparaissent, scrutent le panorama.

800px_Fibonacci_spiralLe réveil de l'anesthésie est difficile. Les brumes comateuses s'estompent, un instant, pour être remplacées par celles de l'inadaptation au réel. D'un brouillard à l'autre. Pas de différence. Intermèdes bercés de l'illusion du soleil lointain aux vitrines des agences de voyage, mais toujours le même chemin, les mêmes étapes, répétition aux décalages subtils, comportements séquentiels. Pensées fractales. Et les jeter sur le clavier participe de cette croyance que, digitales, elles seraient plus précises, alors qu'en fait elles n'en sont que plus approximatives.

Aujourd'hui, tu ne m'aides pas.

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