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Divers & variés
9 septembre 2007

Week-end de merde

Alors voilà, je passe un week-end standard, c’est-à-dire pourri, non pas qu’il ne fasse pas beau (non pas que ça m’importe non plus), non pas qu’il n’y ait quantités de choses intéressantes, fascinantes et occupantes à faire à l’extérieur, non. Juste pourri, inertie, léthargie et hibernation précoce, état larvaire entretenu, lamentation sous-jacente, dépression rampante. Pourri parce que j’aurais dû être à Budapest, au minimum à jouer avec des petites autos, au maximum à faire des pâtés de sables. Mais non, une maladie stupide, tellement stupide que je n’ai même pas été foutu de l’attraper, il y a longtemps (quand je dis que j’ai raté ma jeunesse), m’empêche de franchir des kilomètres, telle une tornade bavaroise, une montée du Danube ou une grève de conducteurs de locomotives allemandes. Dans la peur de l’attraper, d’être malade, de contaminer le bureau, même, peut-être. Mais je me trompais. Le week-end peut être encore plus pourri.

J’appelle, samedi soir, pour savoir, pour parler avec le Petit, échanger ces quelques mots que nous connaissons, un langage commun, champ sémantique partagé. Bien sûr, il faut que ce soit moi qui appelle, hein. C’est vrai, c’est cher, d’appeler l’Allemagne de Hongrie, sûrement beaucoup plus que d’appeler la Hongrie d’Allemagne. Alors évidemment, c’est compréhensible qu’elle n’appelle jamais ou juste pour me demander de rappeler de suite parce que c’est important. Manque de bol, ce soir, il ne veut pas parler. Elle blatère des choses, que j’entends à moitié, ses péripéties de mère solitaire et les décisions difficiles de sa vie. Le petit ne veut pas parler, c’est possible, c’est déjà arrivé, le plus souvent quand il est fatigué, de plus quand il est malade. Mais j’entends une voix masculine en arrière-plan. Alors je lui demande qui est là. Gros silence. Puis une réponse sibylline : « Quelqu’un ».

Je le sais, qu’elle a mieux utilisé son année « sabbatique » que moi, qu’elle a une lumière au bout du tunnel. Mais je n’ai pas envie d’être confronté avec cette illumination nouvelle. Apparemment, je n’ai pas le choix. Et ce nouveau souffle est là-bas, avec mon fils. Il a sûrement déjà dû avoir la varicelle, ce con. Et non seulement il baise la mère de mon fils, mais en plus il s’amuse, il joue le père d’occasion, s’assied par terre, manipule les petites voitures, peut-être même pose ses gros doigts visqueux sur les livres du Petit, fait semblant de savoir lire. Ils sortent dans la rue, famille recomposée, le seul qui manque, le blaireau sodomisé, c’est qui ? Le père génétique, celui qui a le droit de venir un week-end sur deux, de payer des fortunes en train, une pension alimentaire confortable et même la moitié des frais augmentés de scolarité de la crèche « tellement bien, ce serait bête de changer ».

Elle est gênée, elle essaye d’attraper le Petit pour le faire parler, changer de sujet, lui, il ne veut pas, je l’entends. Je lui dis tout le bien que j’en pense, elle me demande si on ne pourrait pas en parler plus tard. Ben voyons, elle est occupée, hein. Elle m’assure que tout va bien, que mon fils me demande, m’appelle toujours Papa. Que je suis drôlement important. Pour combien de temps encore ? Salope. Elle vient avec son discours constructif, psychologie de bas étage (c’était bien la peine de faire tant d’études pour en rester à ce niveau). Je raccroche. Cette idée m’est insupportable. Combien de temps avant qu’il n’adopte mon fils, qu’elle demande à changer de nom ? Combien de temps avant que son prénom devienne définitivement sa variante hongroise ? Combien de temps avant l’étrangeté, la distance du cœur, après la distance topologique ?

Elle me pourrit mon présent, prend mon argent, mon énergie, mon temps, mon fils, mon cœur, il ne reste pas grand-chose. Je perds mon temps à la regarder, caresser des retours fugitifs mais illusoires, espérer d’hypothétiques bouleversements. Elle ment, elle manipule, toujours avec le sourire. Facile, elle a tous les avantages, c’est là-bas qu’il est, ce n’est pas avec moi qu’il vit. Elle me vole mon futur, l’assombrit savamment, subtilement, lentement, inexorablement. Elle me vole le temps précieux, ma paternité, me rétrograde au second rôle. Offre mon fils à un inconnu, un anonyme, elle si difficile, qui il y a si peu de temps, relativement, hésitait à me laisser seul avec mon fils, jouant la mère inquiète. Elle me vole mon passé, ces gigabytes de photos et de films que je ne peux pas regarder, autant me tirer une balle tout de suite. Elle pavane, joue l’émancipée, celle qui a grandi au-deçà de l’adversité. Elle ment et manipule, à merveille.

ncoulantAlors je reste comme un con, pris en otage à distance, avec pour seules compagnes ma rage et mon chagrin, mes pensées, mon imagination, douloureuse. J’ai fini la bouteille de vodka de réserve. Le malibu. Les provisions de rouge, ce que je trouve. J’ai détruit des objets saisis au hasard. Détruit mon téléphone portable, dans un accès. Cherché une corde. Un couteau. Des somnifères et de l’alcool fort. Je n’arrive même pas à pleurer. Se jeter devant un métro, c’est trop crade. Sauter d’une tour, ça a plus de style. Se noyer, trop de travail. Les somnifères, c’est un truc de filles. Mais c’est propre, pas de problèmes pour le propriétaire de l’appartement, on est en Allemagne, hein. Et puis ça ne changera rien, j’ai déjà cessé d’exister. Un boulot insignifiant, pas de relations. Encore heureux que je n’aie pas de chat ou de chien. Quand on retrouvera mon cadavre, au bout d’une ou deux semaines, à cause de l’odeur, au moins, il sera toujours complet.

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Commentaires
~
Euh Nico... t'es sûr que ça va aller là ? Je m'inquiète un chouilla quand même... si il te reprend l'envie de tripoter un couteau, vient plutôt jouer au pâtissier avec moi ;) quand tu veux, même à 3h du mat', je suis toujours d'attaque pour une charlotte improvisée...<br /> <br /> Mais bon pour avoir vu ma mère au fond du gouffre, je sais qu'il y a toujours un dernier réflexe, celui de penser à son gamin, et de se sauver soi-même, pour le sauver lui d'un avenir incertain.<br /> <br /> Aller courage, appelle-nous la prochaine fois au lieu de finir toutes tes bouteilles tout seul... salopiot va !!
P
les jesuites a ginette disaient que cest quand on touche le fond de la piscine (epreuve preparatoire pour l'X) qu on peut s aider du sol pour remonter d un coup... bon bien sur faut assez d air...<br /> <br /> mais ils disaient pas que des conneries... z en publiaient aussi ;)
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