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Divers & variés
13 août 2007

Examen de passage

Ils sont là, partout, même ici. Ils courent parmi nous et nous ne les remarquons même pas. Leur présence ne s’avère qu’en de rares occasions, comme par exemple cette après-midi. Alors que nous nous dirigeons vers le port pour regarder les bateaux, en voilà une, là, juste devant nous, massive. Une voiture avec une plaque d’immatriculation allemande, que dis-je, munichoise même. Un modèle massif, large, genre gros, noir, gras luisant, une Mercedes, échantillon récent. Aplatie verticalement pour faire plus fine, plus aérodynamique, mais un gros tank quand même. On n’est plus chez soi.

Alors nous sommes partis vers le port, le Petit et moi, lui content d’avoir vu un nouveau modèle, moi poursuivi par une malédiction germanique. On compte et conte les autos, compare les couleurs, les marques. Inouï le nombre de Renault Clio en ces contrées. Cela fait chaud au cœur, cette hégémonie relative des petites ouatures. Ceci étant dit, je me demande qui passe sur une banquette arrière de 107/C1/Aigo. Mais l’interrogation n’est que fugitive, voici que s’avance vers nous le port et la criée aux poissons en bout de quai.

D’un côté les derniers bateaux de pêche, parqué sur des quais réorganisés, plus petits. Puis les nouveaux aménagements de plaisance, pour bateaux de nantis. A la croisée de ces mondes, le brave chalutier rouillé côtoie le catamaran de luxe, ce dernier encore emballé dans des toiles protectrices. De l’autre côté, la longue litanie des restaurants, brasseries et autres spécialités de crustacés. Les touristes errent, photographient numériquement le départ du bateau de pêche comme un document historique, léchouillent des glaces en essorant Médor et rassemblant leur marmaille hyper-stimulée. Quelques-uns bataillent pour des places de parking, mais en ce dimanche adjacent au 15 août, bien que peuplée, la zone reste plutôt calme.

optimist1Plus loin, le ballet des petits catamarans de l’école de voile qui rentrent, quelques véliplanchistes. La mer est haute, la bande de sable semble plus mince que d’habitude, noire de petits insectes affairés, combats de murets de sable hâtivement érigés contre l’inexorable reflux. C’est dimanche sur le remblai, les scènes pour la soirée sont montées, les microphones réglés. Les automobilistes passent au ralenti, remarquent un peu tard la mince piste cyclables adjacente, alors qu’ils chatouillent les côtes des cyclistes de leurs rétroviseurs. Dans ce brouhaha, quelques animations, quelques publicités. Un type déguisé en ours distribue des poignées de mains aux petits enfants. Il doit crever de chaud, là-dessous. Et là, une camionnette.

Sur cette camionnette, un logo resplendissant, au design impeccable. Quelque chose comme « France models », tape-à-l’œil standard. Un petit texte explique l’arrière-plan de toute l’action : trouver la prochaine génération de mannequins français. Je pense à ma reconversion, une pensée me traverse. Je me redresse, rentre le ventre. Mais mon ballottin habituel, perché sur mes épaules, est soudain saisi du besoin d’exprimer son euphorie balnéaire, entonne une mélodie simple, se raidit un brin sur ses rênes. De toute manière, le métrosexuel gominé qui distribue des tracts est trop occupé à ânonner des bribes d’anglais pour convaincre des hollandaises de prendre son petit papier glacé. La blonde melonnée qui a en charge l’autre moitié du public regarde la mer d’un air absent. J’ai raté mon examen de passage, mais le Petit continue cette comptine dont je ne comprends pas les mots. L’ours est plus loin, derrière, incapable d’essuyer son front. La caravane publicitaire du cirque Pinder passe à grand bruit, sous l’œil atone de quelques CRS parsemés. Une fin de dimanche après-midi d’août, en somme.

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