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Divers & variés
1 août 2007

Organisation

La plage, on ne s’en rend pas compte, mais c’est énormément de logistique. Et le tout, sans entraînement. Fou. Il y a le sac. Le sac est toujours trop grand avec des poignées trop petites, contient des objets tellement contradictoires qu’ils refusent de s’ordonner et prennent des angles libres, parfois au détriment de leur étanchéité. Le sac, lui, il s’en fout, il est conçu pour les environnements extrêmes, c’est-à-dire ce subtil mélange de sable collant, de crème solaire et d’eau de Luchon de Super U qui imbibe joyeusement la serviette éponge et le bermuda de rechange. La pelle en profite pour se cacher au fond, glissant vers la droite quand on cherche vers la gauche et vice-versa (car la pelle est chafouine).

Il y a ce petit d’homme de 12 kilos qui, bien sûr, après quelques mètres, se refusera à continuer ailleurs que sur les épaules de la personne la plus grande du groupe (si groupe il y a). Ensuite décidera qu’il veut descendre, pour mieux remonter plus loin, parce que les voitures puent. Le petit d’homme profitera de ces instants précieux pour appliquer à Papa des massages capillaires de son invention (mais la plupart du temps pas du goût de l’autre), tout en menaçant gentiment son équilibre par des retournés inattendus parce qu’il y avait un chat sur la dernière fenêtre devant laquelle nous étions passés (le chat, lui aussi, est chafouin).

Il y a le petit bonhomme rouge qui ne veut pas devenir vert (alors que l’autre est beaucoup plus coopératif), le touriste allemand perdu (mais si, suivez votre navigation, bien sûr, il y a un pont au-dessus du chenal, plus loin… plouf…) et les caravanes publicitaires (Guignol ce soir place du marché grande représentation exceptionnelle près du cirque Bozo et son grand spectacle d’otaries). Obstacles dérisoires au regard du reste, certes. Mais l’arrivée sur la plage ne serait pas un tel accomplissement si le chemin n’était si difficile, le sac ballant sans bandoulière à une extrémité aléatoire, le Petit autour du cou, ayant déjà tartiné sa crème solaire prophylactique sur le devant des lunettes de soleil de papa, reconverti en mulet demi-aveugle.

bigorneauVoir l’Atlantique a cependant toujours cet effet rassérénant, un instant. Et cette perspective de se fondre dans la masse, fourmi parmi les fourmis, petit point insignifiant délimitant son territoire dérisoire par un drap de bain bariolé, sous le soleil qui monte et la mer qui descend (au mieux, sinon c’est encore plus drôle). L’arrivée sur la plage est aussi un court moment de désillusions choisies. Par exemple, le Petit court content vers les vagues et par un hasard rarement heureux, mais très souvent reproductible, s’étale dans la première flaque venue, au milieu d’une plage pourtant sèche alentours. C’est le moment où l’on se rend compte que, si le sac est bien rempli à ras-bord de choses utiles, c’est le t-shirt de rechange qui est resté à sécher sur la terrasse, maintenant je me souviens bien. D’autres choses manqueront, elles aussi, jamais les mêmes, toujours un peu différentes, abandonnées en divers endroits connus rétrospectivement, où elles étaient pourtant bien à leur place, un fugitif instant. En de telles circonstances, l’homme de bien, pourtant entraîné à négocier de difficiles acquis futurs et autres business, ne saura être qu’évasif et regardera la mer, soudain plus fascinante que d’ordinaire, pour échapper aux regards emplis de reproche qui soudain le transpercent. Et sa rhétorique d’ordinaire implacable se muera en un court meuglement évasif.

Le reste de la matinée se passera à contempler les vagues et s’adonner à des activités inutiles, mais enrichissantes, comme chasser le bernard-l’hermite, courir en ronds, maçonner des tas de sable, observer la métamorphose quotidienne du thon blanc en thon rouge et surtout (vive la mixité) regarder les sauveteuses en mer. Et en début d’après-midi, alors que les générations adjacentes (i.e. la précédente et la suivante), unies dans la sieste, lui foutront la paix, l’homme de bien (encore lui) se souviendra, avec un petit sourire, ces instants en définitive paisibles qui font qu’on revient toujours.

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Commentaires
~
tiens, Phil & moi ne pensions pas te trouver "online" (excuse-moi de te faire travailler ton allemand un peu...)! sympa les histoires de plage avec un ballotin de 12kg :)<br /> je lis un blog qui pourrait te plaire, c'est ici<br /> a++
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