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Divers & variés
11 juillet 2007

Le combat ordinaire

Hier soir, après avoir gaspillé ma (encore) belle jeunesse à faire des courses de voitures virtuelles, j'ai relu Le combat ordinaire de Larcenet. J'avais acquis le premier volume lors de mon automne tragique, l'année dernière. Puis les deuxième et troisième, dans l'élan. Le livre m'avait saisi dès la première lecture.

539_2L'introduction, en particulier, m'avait fait voir des événements réguliers sous un nouveau jour, une confrontation subite avec une réalité que je m'efforçais d'ignorer. J'ai moi aussi essayé d'interrompre une psychanalyse qui me pesait, sans plus de succès. Je l'avais débutée pour des raisons diverses, à une autre croisée de chemins, plus tôt, après la naissance de mon fils et la mort de mon grand-père, survenues en l'espace de quelques mois. Les premiers mois, à raison de deux séances par semaine, furent plutôt productifs, m'ouvrant les yeux à divers degrés. Mais la suite ne fut plus qu'une lente et longue agonie de lieux communs, où j'essayai, sans plus de succès que le personnage principal, d'abréger l'ennui inutile de ces heures allongées. Velléité vaine modérée par mon incompréhensible réticence à me séparer d'une personne qui pourtant, tout bien considéré, ne représentait et ne représente toujours rien pour moi, une politesse insensée. Mon Dr. M. était allemand, l'est toujours. Folie linguistique qui me poussa à faire une psychanalyse en allemand. Mais ce brave (je le suppose, mais c'est égal) homme, je le quitterai enfin la semaine prochaine sans un regret, tournant une page devenue vide avec le temps et la routine.

Larcenet explique simplement des choses quotidiennes que l'on ne remarque plus, comme à sa manière aussi Trondheim. Lorsqu'il reprend la route pour rejoindre sa maison campagnarde et son chat, l'autoroute défile en noir et blanc, accompagnée des pensées du conducteur. Apartés monochromes de réflexions intimes, l'enfance, la vie, la famille, les femmes. La peur. Cette systématisation du retour sur l'enfance en psychanalyse a presque quelque chose de touchant, tournée d'ailleurs en dérision dans un autre ouvrage de Larcenet: Une aventure rocambolesque de Sigmund Freud: Le temps de chien. Incapacité relationnelle, repli sur soi. Et puis la vie à la campagne (plus légèrement dans Le retour à la terre). Bref, rites de passage tus, vécus chacun pour soi, mais pas si différemment. Cette proximité simple, sans ambages, qui se dégage de cet album est rassurante, peut-être se sent-on moins seul, peut-être se sent-on compris, soudain. Reconnaissance fugitive, enfin.

J'avais essayé d'expliquer Le combat ordinaire au Dr. M., en vain. Qu'un album, bien construit, pouvait rendre palpables des choses compliquées d'une manière simple, pas arrogante. Qu'une heure investie sur un sofa avec cet album serait sans doute plus fructueuse qu'un monologue fixé sur le plafond blanc et les peintures douteuses d'un cabinet froid, impersonnel. Trop long, trop forcé, cette communication qui ne s'instaure pas et le silence meublé de mots étrangers.

Le combat ordinaire est un titre parfait, résume simplement cette confrontation intime inévitable, ces décisions qui nous attendent, la vie avec les autres. Ce n'est pas un guide de survie sur cette période de flottement indécis qui nous attend à un certain point, juste un témoignage rassurant sur la banalité insoupçonnée de ces dilemmes qui nous terrorisent, qui bloquent. Auxquels la psychanalyse peut certes apporter quelques réponses. Pas toutes.

"...et c'est pourquoi j'ai décidé d'abandonner la thérapie..."

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Commentaires
P
cest joli mais t es passe a cote de l essentiel de cette BD: ils fument des gros petards ...<br /> :p
M
tout à fait d'accord avec ton analyse du combat ordinaire, moi aussi j'adore cette BD :) un peu émouvant ce billet quand même ;)
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