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Divers & variés
5 octobre 2007

Les locomotives du vendredi

Aujourd'hui, en me levant, je me posai la question: pourquoi dit-on petit matin? Et pas grand matin. Ou gros matin. Ou tout autre qualificatif. Car quand je me lève, j'ai déjà une activité intellectuelle respectable. Et car, regardant par la fenêtre, je constatai, indéniablement, que j'avais affaire à un petit matin pluvieux. Non que je n'aime et ne respecte les matins pluvieux. La pluie donne à ces lieux et leurs habitants un reflet que l'on ne saurait trouver dans leurs yeux. Mais pourquoi petit, alors? Est-ce une expression tellement rentrée dans les mœurs que l'on en oublie l'origine? Mystère à 9h, alors que la bouilloire égrène les secondes bullées qui me séparent du nectar réparateur (oui, je me suis levé à 9h aujourd'hui et toute personne qui récriminerait ou réprouverait pourrait envoyer ses doléances en trois exemplaires à qui de droit). Je me rappelle qu'il existe un pays du matin calme, plus loin. Cela ne répond toujours pas à ma question. Je crois que ce qualificatif est imposé par ce sentiment d'étouffement transmis par l'architecture martiale et grise. Et que les grands matin doivent sans aucun doute se dérouler face à l'océan. Ah, l'océan...

Ils sont mignons, dans le métro, même à cette heure relativement tardive. D'évidence se retrouve ici un surplus de populace, menée en ces lieux par une grève matinale et colérique des conducteurs de trains frustrés par le déni de leur direction d'un accord sur une augmentation rêvée. Je me sens badin, je souris même à une allemande blonde, presque jolie, elle en rougit et se fond dans la foule. Après, c'est le cirque habituel, sortir du métro, enjamber ceux qui n'ont pas compris le concept du croisement des flux migratoires et me retrouver sur un escalier métallique, contemplant pensivement la callipygie ostentatoire de celle qui me précède. Mais ce blog ne serait pas tel qu'il est s'il ne se concentrait sur une critique atrabilaire de cette société décadente et haïe et de ses mignons. Avant de regarder les filles, activité somme toute très acceptable, je m'offusquai un court instant.

starbucksSujet: la dictature du coffee-to-go ou "je me ballade dans le métro avec un gobelet en carton recouvert d'un couvercle plastique troué duquel j'aspire régulièrement et bruyamment un liquide matinal caféiné, le tout avec un regard vide". Tout est dit. L'allemand consciencieux (et il y en a...) poussera même le vice à se munir d'un réceptacle encore plus adapté, basé sur une invention écossaise centenaire (une bouteille thermos, quoi), duquel il aspirera avec tout autant de satisfaction bovine  et de contentement fat le liquide de son choix.

En parlant de satisfaction bovine, ça me rappelle l'autre soir, sortant de l'Oktoberfest, tard, dans un brouillard alcoolisé (mais pas trop). A la sortie du champ (car c'est un champ, en pleine ville, moitié goudronné, mais un champ quand même), les hommes en vert sont là. Les hommes, que dis-je, il y a aussi des femmes, dans ces binômes stricts vestés de cuir. Il faut y regarder à deux fois, je l'admets, mais elles sont bien là. Il y en a que ça excite, l'uniforme, sans doute (ou plutôt ce fait avéré que la femme allemande est bien l'égale de l'homme allemand, enfin, il y en a qui sont plus égales que d'autres...). Et eux de recommander à mon voisin: "Garçon, tu ne vas pas plus loin avec ce verre". Car l'on ne doit pas partir de l'Oktoberfest avec son Maß (i.e. la choppe), c'est mal, surtout si on ne l'a pas fini. Et le constable mâle de lui répéter: "Allez, vas-y, finis ta bière" avec une familiarité déplacée. Je demande donc à ce mâle de toute évidence dominant, à des fins purement informatives, si ce n'était pas interdit de faire l'apologie de l'ébriété sur la voie publique, ce qu'il venait de faire, quoi. Il m'a ignoré, ce paysan. J'en ai conclu que ma répugnance quasi viscérable à l'égard de ces créatures vertes était justifiée, confortée, mais que comme je suis connu ici comme grand délinquant routier (oui, un jour, en me garant, j'ai éraflé la voiture voisine sans rien dire, c'est mal, mais c'est une autre histoire), je ne leur ferais le cadeau que de mon mépris muet.

Il pleut sur la ville, c'est beau et le matin s'éloigne. Je me sens badin. C'est bon signe.

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Commentaires
A
on pourrait appeler un cul un cul non? Des mots simples pour des consultants simples
'
Formidable emploi du mot Callipygie (avec majuscule dans mon vocabulaire).<br /> Ahh, je me sens un peu mieux dans mon élément culturel.<br /> Merci !
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