Une autre
Elle, c'est une autre. Celle d'avant a disparu, géographiquement, puis du cœur, lentement. Celle d'avant a laissé un vide mal cicatrisé, esthétiquement peu enviable, des traces d'elle un peu partout, qui ne s'effacent pas, demeurent, fossilisées dans la poussière de sentiments antédiluviens. Alors l'autre, c'est un peu un espoir, quelque chose de nouveau et familier à la fois, une vague régénératrice, des histoires d'avant remixées. Elle, c'est surtout un possible inavoué puis caressé mais qui demeure maladivement hypothétique.
Mais elle, c'est aussi une interrogation. Reprendre de vieux chemins, répéter des scènes passées, un peu pareilles, beaucoup différentes. Oser les répéter, frileux, un peu moins flexible, un peu plus prudent. Voie pavée de questions, roulette russe. Faites vos jeux.
Et elle, c'est aussi un être humain. Avec son apanage de souvenirs, blessures et névroses propres. Quelqu'un de têtu, aimable, farouche, mouvant. Parfois impénétrable. Maintenant imprévisible. Quelqu'un qui pourrait, peut, a pu, une autre ligne de vie qui croise la mienne, par hasard. Qui ne veut peut-être pas s'arrêter pour si peu. Que je ne devrais peut-être pas considérer plus avant.
Car ces instants communs sont empesés d'incommunicabilité et de distance. Une distance qui se réduit, ponctuellement, pour reprendre vite son ampleur initiale, voire la surpasser. Pas de jeux de vilains, je la regarde juste, pensif et discret. Je me demande. En fait, je crois que je serais bien incapable de l'aimer, ce sentiment m'est trop étranger maintenant, en sus d'être prématuré. La comprendre me prendrait trop d'énergie. Ce sentiment vague lié à sa présence, l'expression d'une compatibilité physique, passagère, sans attaches. Hormonal? Mais sinon froid. Sans avenir. A suivre.