Cyber-café
Et vive le Wi-Fi ! Cette petite terrasse du
remblai auparavant si morne, juste peuplée de quelques locaux habitués, reprend
des couleurs, celles de la modernité bariolée de l’accès réseau sans fil.
Certes, au premier, on notera quelques investissements, en la personne numérique
de quatre ordinateurs Acer très design très compacts, tellement compacts
d’ailleurs qu’on ne les voit pas, sauf peut-être ces petites lumières bleues
très tendance en façade. Le lecteur perspicace me dira que ce premier étage, par
sa description, n’est guère Wi-Fi. Certes. On ne peut attendre du geek estivant
qu’il emmène son laptop préféré à la plage, sauf s’il a le modèle Toshiba blindé
et une assurance tous-risques. Au regard de l’espérance de vie de la tour de
sable en ces lieux (mal) famés, je frissonne en pensant à celle de la petite
merveille électronique chérie. Non. Alors on se rabat sur des machines de
location, impersonnelles mais fonctionnelles. On peut même, si on y tient,
amener des lingettes pour désinfecter le clavier et la souris avant utilisation
(vrai véridique !).
Pour en revenir à la véritable merveille, c’est
tout de même cette possibilité de s’asseoir sans fil à une terrasse de café face
à la mer et pour une somme modique voire même une orangina, parcourir la toile,
le réseau des réseaux, envoyer des e-mails stupides, écrire un blog ou même
relire les derniers du boulot. J’ai essayé sur une des machines du premier, mais
elle me laissa lâchement en plan, ignorant le préfixe https. Salope réfractaire. Mais ce n’est
pas grave, puisque je peux maintenant venir avec mon portable à moi et profiter
du sans fil local, habilement protégé (aux dires du propriétaire) par la clé
1234567890 (mais chut, ne le répétez pas…).
Dans un élan hypocrite ou honnête, je ne sais
plus, j’ai voulu lui expliquer que sa clé, il ferait mieux de se la rouler et de
se la fumer. Et là, j’ai compris qu’il s’en foutait. Qu’en fin de compte, ce qui
était important pour lui, c’était que son vieux pote Marcel vienne tout les
matins avec Dédé pour se taper une troussepinette (n.d.l.r: apéritif local) en
commentant les événements récents, sarkozysmes ou grèves thonières, tsunami ou
UEFA. D’ailleurs, il n’avait pas tort. L’antenne est placée de telle manière que
la réception en terrasse est plus qu’approximative et l’optimisation impose de
se diriger plus vers l’intérieur du café où, de toute évidence, l’utilisation
discrète d’un portable serait risible. Merdalors. Raymond, petit cafetier local,
met en déroute toute tentative de wardriving ou autres pompages de connexion par
une stratégie simple. Je suis scié. N’empêche que ses terminaux du premier
n’effacent pas les données des précédentes connexions. Ha ! Je l’ai eu… Mais
Raymond, c’est quand même un gars paisible. Je retournerai le
voir.