Victoire matinale
Le métro, le matin. Le métro allemand n'a rien à envier à nos rames souterraines. L'allemand, enfin, le munichois (espèce à part), est plus ordonné, ou rigide, c'est selon. Mais les regards sont aussi vides de temps qui passe qu'ailleurs dans le monde. Et ici aussi, beaucoup oublient d'intégrer le fait qu'ils portent un sac à dos de taille respectable dans leurs mouvements.
Sendlinger Tor, un des stations centrales. Correspondance entre quatre lignes de métro et autant de lignes de tram. Certes, ce n'est pas Châtelet-Les Halles, ce n'est même pas la plus grosse station de la ville. Cela suffit néanmoins et de plus, c'est là que je descends. Et c'est ici, dans ces dix mètres devant la rame, que se joue cette scène mille fois répétée, cette loterie quotidienne. Car la rame est longue et seulement au milieu du quai se trouve l'embranchement en V vers les deux seules issues possible, à savoir la correspondance sur les lignes 3/6, un étage plus haut, ou la longue jonction avec le quai opposé et l'accès au niveau supérieur en son centre. Immuablement se croisent ici deux flux épais, contradictoires mais décidés de voyageurs. Et le jeu futile du matin, c'est traverser le flux perpendiculaire sans s'arrêter ou sans se laisser arrêter.
La victoire matinale, c'est donc cette petite satisfaction futile, cette épreuve de force dérisoire, traversée sans heurs. Avoir su s'imposer une fois ce jour, de surcroît au plus tôt. Et la journée sera bonne.
Le perdant? Qui se soucie du perdant! Les cartes seront à nouveau mélangées demain matin.