Inhibition
Mon distingué confrère, spécialiste en la matière (voir liens colonne de
droite), me pardonnera le titre plagiaire (à tout seigneur tout honneur), je
revendique un statut de membre honoraire dans son estimée assemblée. Car en
effet, un an après notre rupture, je me suis aujourd’hui fait inhiber
définitivement par mon ex (i.e. la mère de mon fils). Le sujet ne paraît pas
joyeux, mais je me répugne, après tout ce temps, à en faire une chose vraiment
grave en public, je suis grand, je dois apprendre à prendre sur moi.
Heureusement que je suis en vacances, sinon je te dis pas ce qu’ils se
prendraient dans la gueule, demain, en workshop au boulot.
Bref, ça lui a pris soudain, en sortant de la douche (non, on ne venait pas
de baiser). Elle me dit assez abruptement que non, elle ne veut pas retenter de
vivre avec moi, même si je ne lui avais pas posé la question directement. Et
toc, va répondre quelque chose à ça. Bref, je suis totalement pris au dépourvu,
puisque je m’apprêtais à utiliser la douche à mon tour pour retirer les grains
de sable incrustés. Si ce n’est pas de l’inhibition magistrale, ça.
Est-ce que le futur en est changé pour autant ? Bof. Les gens normaux
et courageux se relèveraient et regarderaient l’horizon d’un œil conquérant.
Peut-être que je ne suis pas normal, après tout. N’empêche que j’aurais dû m’y
attendre, c’est là que je me dis que je suis bête. J’aurais dû investir ma
dernière année mieux, optimiser. Me faire inhiber à court terme par une autre, une allemande, tiens,
pour voir. Non, pas une allemande, je ne suis pas désespéré. Quoique… Déjà le
spectre de la trentaine me tend les bras, je freine des quatre fers, je n’y
peux rien, inexorable, il se rapproche, avec un mauvais sourire. Je suis le
père célibataire sans enfant, un week-end sur deux à courir, l’autre à courir,
pas après les mêmes choses. Ecoute ATB, Better give up.
Shouldn’t I forget, should I change my life instead, before it’s
changing me
Words stuck in my head, silence is another place, taking control of me
Tu en verras d’autres, tu sais. Un peu beaucoup à la fois, les dernières
années. Senior à 27 ans, c’était trop beau, il fallait bien que le flux
continue. Tu peux quand même être content de certains accomplissements. Tu as
transmis ton patrimoine génétique par amour, c’était la meilleure méthode, ça a
drôlement bien fonctionné. Tu as laissé des traces où tu es passé,
professionnellement, des gens contents, des pas contents, pas indifférents
cependant. Tu as enfin osé parler à ton père comme il se doit. Surmonter les
naissances, les morts, les voyages, les workshops, le dernier album de Ricky
Martin. Un petit Quelqu’un te regarde avec de grands yeux et un sourire et
t’appelle « Papa », ne veut piétiner que tes côtes à toi, honneur
suprême. Et sa mère… Remords, regrets. Et la couleur de ses yeux, celle dont a
hérité le Petit. Fait chier…
Tu pourras te replonger une énième fois dans l’intégrale de Lapinot de
Trondheim, relire Larcenet et découvrir Dupuy & Berberian. Te replonger une énième fois dans l’intégrale
des films de Belmondo, revoir Moretti et découvrir Sofia Coppola. Te replonger une
énième fois dans l’intégrale de Faithless, réécouter Underworld et découvrir Brett Anderson. Tu ne seras même
pas obligé de faire ça tout seul. Tu as bien fait d’acheter une deuxième
manette pour ta Xbox, ça t’aidera dans ta réinsertion
(quand tu auras fait réparer ton DVR qui ne disque-dure plus). Peut-être même
qu’un jour, tu seras tellement heureux que tu arrêteras de bloguer.
Ah non, cette erreur-là, tu l’as déjà faite.
N’empêche, putain, qu’est-ce que je ne donnerais pas pour ravoir « ma vieille » Z4 de tests ce soir, taquiner les giratoires en écoutant les K&D Sessions tout fort, comme l’hiver dernier…