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Divers & variés
6 juillet 2007

Passagers

Un couple étrange, d’un âge certain, d’un certain âge. L’air inoffensif des anciens hippies repentis, survivant à travers les temps et les sociétés. Lui arbore maintenant de longs cheveux gris cernant sa calvitie modeste. Plutôt massif, encore musculairement volumineux, mais accoutré d’un pull indéfinissable, dont l’absence de couleur marquante donne cette impression crasseuse déraisonnable. Il traîne, en guise de bagage, un cabas d’une taille respectable,des derniers modèles high-tech en tube métallique gris enrobé d’une enveloppe en plastique bleu gaufré, sans aucun doute imperméable, sinon ignifugé, optimisé pour une meilleure respiration des légumes embarqués. Bien sur, en sus, des roues tous-terrains sur roulements blindés, pour le vrai voyageur, pur et dur, qui en ferait pâlir d’envie le cow-boy marlboro (qui prendra quand même nos bronches au lasso, c’est écrit, merci Alain).

Il se tient maintenant dans le couloir, debout faute de réservation, s’efface périodiquement pour laisser passer les voyageurs, regarde le paysage, les deux mains sur la barre de fenêtre.

Sa femme est perdue dans un livre énorme, format carré, recueil de photos, presque aussi large que son assise. Non, pas un format de voyage, passant juste dans la largeur du cabas commun.

51LpsALIyWLLecture ferroviaire, elle regarde les pages, les tournant avec précautions, toujours avec un petit sourire monalisesque. Le livre, je le vois sur la quatrième de couverture, tourne autour d’un acteur indien, biographie bollywoodienne de Shah-Rukh Khan. Je ne sais pas s’il est bon, j’ai dû le voir deux fois en tout et pour tout. Son nom est connu, bizarrement, en Allemagne., où le cinéma indien connaît un succès assez étrange, presque inattendu, aux allures de marketing savamment orchestré. Apologie moderne, la quatrième de couverture est composée d’une vue de dos de l’acteur, rehaussée d’un texte panégyrique au corps de police variant d’une ligne à l’autre, en anglais. De loin ressortent juste quelques mots forts: philosophie, survivant, peuple et le nom de l’acteur, en rose. Well, beaucoup de texte.

C’est à ce moment que je comprends mieux son accoutrement. Le charabia bleu émeraude brodé d’or prend une origine certaine et ce foulard safran s’accorde au reste. Fixation indienne jusqu’au bout. Et le petit Motorola brillant qu’elle sort de son sac a quelque chose d’incongru. Pourtant leur accent est indéfinissable. Montés à Salzburg, je ne saurais distinguer l’autrichien du bavarois de l’est.

Le train déroule l’Autriche, le contrôleur approche. Change de sujet. Et soudain, le vieux hippie mâle sort un SonyEricsson récent flambant neuf, confirme ainsi son ticket électronique sur l’écran.

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